Dr Armand Frappier

Sa carrière

L’école d’hygiène

En 1927, Armand Frappier met sur pied le laboratoire de diagnostic de l’hôpital Saint-Luc et en assure la direction jusqu’en 1943.

Les années 30 sont dures et tristes. La crise économique s’éternise. Les institutions vivotent. Au Québec, la communauté universitaire et scientifique doit se battre pour survivre. La construction du nouvel édifice de l’Université de Montréal, sur le mont Royal, est arrêtée, faute d’argent. Au milieu de cette grisaille, Armand Frappier revient de l’étranger avec des projets plein la tête…

L’Université de Montréal, qui l’emploie, ne peut lui offrir un salaire décent. Pour vivre, il cumulera deux postes, en étant aussi chef des laboratoires de l’hôpital Saint-Luc.

Ailleurs dans le monde, la bactériologie est une discipline en plein essor. Après ses études aux États-Unis et en France, le Dr Frappier s’attaque à la tâche de créer un département de bactériologie moderne à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. À l’occasion de la réorganisation du département, le Dr Frappier introduit des programmes de maîtrise et de doctorat. Dès 1933, il y enseigne la microbiologie et la médecine préventive; il continuera de le faire pendant plus de 35 ans. Durant 20 ans, il est le fondateur et le doyen de l’École d’hygiène de cette université, qui devient la première et la seule école universitaire de langue française de ce genre au monde. Armand Frappier se révèle un pionnier dans l’organisation de cet établissement.

Musée Armand-Frappier, photographie du bacile tuberculeux
Bacille tuberculeux ©Robert Alain, SME, INRS-Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie

Production du vaccin BCG

L’Université de Montréal nomme le Dr Frappier assistant professeur de bactériologie et directeur du laboratoire du BCG. Ce laboratoire deviendra le plus important en Amérique, et le Canada deviendra le deuxième pays, après la France, à fabriquer le BCG.

Le vaccin vivant BCG contre la tuberculose ne contient aucun préservatif. Une technique rapide permet de le préparer, et des conditions spécifiques en assurent la conservation. Jamais le vaccin ou la souche ne seront contaminés, et ce, pendant plus de 50 ans.

En mars 1938, le Dr Frappier fonde l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal, qu’il dirigera pendant 38 ans.

En 1939, le manque d’espace et les besoins de construire une écurie d’hyperimmunisation amènent les administrateurs de l’Institut à acheter une ferme située à Laval-des-Rapides, en banlieue de Montréal. Au fil des années, les terrains acquis par l’Institut couvriront 168 arpents, soit 142 acres ou 6 213 723 pieds carrés; ils comptent maintenant 24 bâtiments, dont plusieurs édifices de laboratoire.

L’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal est rebaptisé l’Institut Armand-Frappier en 1975.

Depuis 1998, l’Institut Armand-Frappier, aujourd’hui nommé Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie, est un centre de recherche et d’enseignement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), une constituante de l’Université du Québec.

Musée Armand-Frappier, les débuts de l'Institut
© Musée de la santé Armand-Frappier

Les débuts de l’Institut

Malgré la crise économique qui sévit, c’est avec l’aide du Dr Préfontaine et des amis de ce dernier qu’une démarche est entreprise auprès du premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, afin d’obtenir une aide financière pour fonder l’Institut. À ses débuts, l’Institut est installé dans l’immeuble de l’Université de Montréal, sur le mont Royal. Il est situé au 6e étage et, faute d’ascenseur, le personnel doit gravir 240 marches pour y accéder. On y monte même des génisses à dos d’homme… pour la recherche.

Musée Armand-Frappier, L'Institut à Laval
© Musée de la santé Armand-Frappier

Les débuts de l’Institut à Laval

Les débuts de l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal au 531, boulevard des Prairies, à Laval.

D’abord logé dans l’immeuble principal de l’Université de Montréal, sur le mont Royal, l’Institut déménage sur le campus actuel de Laval en 1963. Ces terrains font partie d’une ferme achetée en 1939 pour garder les gros animaux (chevaux et veaux) nécessaires à la préparation des sérums, des anatoxines diphtérique et tétanique, ainsi que du vaccin de la variole. On y cultive aussi de quoi nourrir les nombreux animaux de laboratoire de l’Institut.

Effort de guerre

La Seconde Guerre mondiale éclate en 1939. Le jeune directeur de l’Institut (le Dr Frappier a seulement 35 ans) convainc la Croix-Rouge et la Défense Nationale que son équipe peut se charger de la lyophilisation (séchage à froid) du sérum sanguin pour les forces armées. Ce premier grand défi sera relevé avec succès : 150 000 unités de sérum seront envoyées aux forces canadiennes et alliées. À la fin de la guerre, en 1945, l’Institut est bien en selle et semble appelé à un bel avenir.

Musée de la santé Armand-Frappier, Médaille de la Croix-Rouge
Médaille de la Croix-Rouge ©Musée de la santé Armand-Frappier

La Société canadienne de la Croix-Rouge a décerné au Dr Armand Frappier la médaille de membre honoraire de la Croix-Rouge canadienne, sa plus haute distinction, afin de récompenser l’équipe de l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal pour l’effort de guerre fourni lors de la Seconde Guerre mondiale.

Production de vaccins et d’antibiotiques

En 1942, l’Institut produit le vaccin contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (le DCT), et les antibiotiques gramicidine et pénicilline.

La clientèle de l’Institut est composée de plus de 14 pays, de toutes les provinces du Canada, du gouvernement fédéral et de ses services civils, militaires et d’aide aux pays en développement, des hôpitaux et des industries pharmaceutiques.

Après la guerre, la pénicilline et la streptomycine sont mises à la disposition des civils. C’est à ce moment que le Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie permettra, de concert avec l’industrie, de distribuer ces antibiotiques aux Canadiens.

À cette époque, la pénicilline est distribuée à des fins militaires seulement. Un jour, alors qu’un patient civil est à l’article de la mort, on demande au Dr Frappier d’établir la nature de l’infection du point de vue microbien. Il entreprend des démarches auprès d’un comité et expose le résultat des tests. Le comité, satisfait du résultat, met de la pénicilline à sa disposition. Quelques heures seulement après le traitement, on note déjà une amélioration chez le patient et, après quelques jours, il est parfaitement remis. Le Dr Frappier est le premier médecin civil au Québec à traiter un patient civil avec de la pénicilline par injection. Depuis ce jour, cet antibiotique a servi à guérir bien des infections!

Nouveau grand défi pour l’Institut : la lutte contre deux maladies virales qui menacent la santé publique, soit la grippe et la poliomyélite. Le Dr Vytautas Pavilanis développera le Département de virologie de l’Institut et animera l’équipe de production des vaccins contre la polio et la grippe. Dans une atmosphère de course contre la montre, l’Institut réussira à produire, dès 1957, le vaccin antipolio Salk et le vaccin contre la grippe asiatique.

Campagne de vaccination

En 1946, le service fédéral des Affaires indiennes demande au Dr Frappier de mener des études sanitaires dans les communautés des Premières Nations du Québec et du Canada.

La mission confiée au Dr Frappier consiste à étudier la possibilité de vacciner les Autochtones nomades contre la tuberculose. La première région visitée en 1949 est le Waswanipi, au nord de Senneville. Le Dr Frappier participe activement aux campagnes de vaccination auprès des Premières Nations en administrant lui-même le vaccin contre la tuberculose.

Le Dr Frappier démontre aux autorités l’importance de vacciner les communautés autochtones, parmi lesquelles la tuberculose fait de grands ravages. En 1950 et en 1952, il se rend dans les réserves de Mistassini et de Manawan pour convaincre les populations d’accepter la vaccination et pour en enseigner la technique aux infirmières. La vaccination du BCG a permis d’y enrayer l’épidémie de tuberculose à cette époque.

Mireuse
Mireuse ©Musée de la santé Armand-Frappier
Musée Armand-Frappier, vaccination
Production de vaccins et d’antibiotiques ©Musée de la santé Armand-Frappier
Musée Armand-Frappier, vaccination
Production de vaccins et d’antibiotiques ©Musée de la santé Armand-Frappier

Mireuse qui a servi à la production du vaccin anti-influenza : En 1957, l’Institut deviendra le seul producteur continu au Canada de ce vaccin contre la grippe.

Production de vaccins et d’antibiotiques : Production des vaccins Salk et Sabin pour la prévention de la poliomyélite. Système d’agitation par rotation des tubes de culture de tissus de rein de singes et de virus pour la production du vaccin Salk contre la poliomyélite, par l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal.

Sa retraite

Une retraite bien méritée!

Armand Frappier est un homme accueillant, joyeux et dynamique. Sa ténacité et sa persévérance lui permettent d’atteindre les buts qu’il s’est fixés. C’est un philosophe doté d’un esprit vif, et son jugement est sûr. D’ailleurs, avant de donner son opinion, il examine toujours les deux côtés de la médaille. Au cours de ses conférences, il dégage un réel magnétisme et excelle dans l’art de rendre intéressants les sujets les plus arides. Il parle avec facilité et passe habilement du sérieux à une franche bonhomie. Avec ses étudiants, on dit qu’il démontre une autorité patiente, juste, et qu’il est modérément sévère pour les examens. En affaires, il a le sens de l’organisation et de l’administration. Ses dossiers sont toujours bien préparés. De plus, c’est un lecteur infatigable. Pendant ses nombreux voyages, il prend le temps de se renseigner sur l’histoire, grande et petite, des villes et villages.

Le Dr Frappier prend sa retraite en 1974, à l’âge de 70 ans.

Photographie du Dr Frappier assis à son bureau de l'Institut Armand-Frappier.
Retraite ©Musée de la santé Armand-Frappier

Photographie du Dr Frappier assis à son bureau de l’Institut Armand-Frappier.

Photographie du Dr Frappier avec ses œuvres reliées, cadeau du personnel de l'Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal à l'occasion de sa retraite.
©Musée de la santé Armand-Frappier

Un cadeau pour le Dr Frappier

Photographie du Dr Frappier avec ses œuvres reliées, cadeau du personnel de l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal à l’occasion de sa retraite.

Ses distinctions

Le travail acharné qui aboutit à la réalisation d’un grand rêve porte en soi sa récompense. Les gouvernements canadien et québécois ont montré leur appréciation des services rendus à la population par l’Institut, en octroyant au Dr Frappier leurs plus hautes décorations. Six universités (de Montréal, Laval, McGill, du Québec, de Paris et de Cracovie) lui ont décerné des doctorats honorifiques. Plusieurs académies des sciences et associations médicales lui ont remis médailles et diplômes d’honneur; il est un des rares étrangers à avoir reçu le prix Jean-Toy de l’Académie des sciences de l’Institut de France.

Consultez le tableau ci-dessous pour avoir plus d’informations sur quelques-unes des distinctions que le Dr Frappier a reçues.

Découvrez-en plus sur la vie du Dr Armand Frappier

Abonnez-vous
à l’infolettre

Vous voulez recevoir les actualités du Musée en primeur et ne rien manquer des expositions et des activités offertes?